Jours 52 et 53 Quand on risque nos vies en Nouvelle-Zélande
- Alice Llorca
- 9 févr. 2023
- 6 min de lecture
07/12/2022 - 08/12/2022

Dans les airs

Nous avons obliqué vers l'est. La route longe la belle rivière Buller et en consultant des guides, Isa lit que des descentes en rafting y sont proposées. Elle n'a jamais fait de rafting et a envie d'essayer. Il est vrai que nous avions déjà vu cette proposition en Indonésie mais la couleur marron des rivières nous avait fait y renoncer. Ici, l'eau est tellement limpide que c'est tentant. Nous contactons donc une entreprise près de Lyell, le lieu où nous nous trouvons. Notre interlocuteur nous indique qu'à l'heure où nous appelons il ne peut nous garantir le départ puisqu'il faut au moins deux autres personnes mais qu'il nous rappelle en fin d'après-midi.
Nous ne voulons pas trop nous éloigner donc nous repérons un terrain de camping proche.

L'endroit est agréable et il y a même des départs de randonnées. Nous en profitons pour partir faire une des balades à travers la forêt de hêtres. Le chemin tracé sur les flancs des collines nous mène à un petit cimetière étonnant. Les tombeaux, la plupart clôturés par des barrières en fer forgé, sont ceux de jeunes gens enterrés ici de 1880 à 1900 dont la mort tragique est racontée à travers des poèmes gravés dans la pierre. C'est à la fois beau et triste.
Nous poursuivons notre promenade jusqu'à une jolie rivière sur les bords de laquelle nous descendons, le chemin que nous avions repéré au départ ayant disparu (nous n'avons pas vraiment le sens de l'orientation ni l'une ni l'autre mais sur ce coup on a vraiment tout essayé et on a dû se rendre à l'évidence, la forêt a repris le dessus sur les aménagements humains). On profite de l'eau claire et des rayons de soleil. Une des premières fois que nous pouvons nous mettre bras nus sans avoir froid en Nouvelle-Zélande. Isa, qui est définitivement un animal à sang froid ayant besoin de la chaleur de notre astre pour survivre, en profite pour lézarder.
En redescendant nous avons la mauvaise surprise de découvrir que le camping est envahi de sandflies. Ce sont des petits insectes qui, au premier abord, ressemblent à des moucherons inoffensifs mais qui, comme leurs cousins les moustiques, vous sucent le sang sans vous demander votre permission ni votre avis sur la question. Nous avions pris connaissance de l'existence de ces vilaines bêtes dans des commentaires sur certains terrains de camping mais nous n'avions pas eu l'occasion d'y être confrontées. Heureusement ! En quelques minutes, ils nous ont dévoré. Impossible de rester. Nous voilà reparties mais on ne sait pas vraiment où aller parce que nous attendons toujours la confirmation pour le rafting. J'ai repéré un parc réputé pour son grand pont suspendu traversant la rivière Buller. Cela nous distraira en attendant. A l'entrée nous nous laissons tenter aussi par un retour en tyrolienne. Le pont est impressionnant et Isa a un peu (beaucoup) le vertige ! Mais la tyrolienne à deux c'est drôle !
Isa en profite pour regarder le paysage puisqu'elle n'a pas pu lors de la traversée du pont.
Après cette aventure dans les airs, nous restons un peu désœuvrées en attendant l'appel pour le rafting. Finalement nous décidons de rejoindre Murchison. Il n'y a pas d'autre zone de camping à Lyell et de toute façon il y a des sandflies partout. Au pire, il nous faudra retourner un peu sur nos pas. Finalement l'organisateur nous rappelle pour nous informer qu'il n'a pas eu d'autres demandes. Isa est toute tristoune ! Nous filons sans regrets vers un camping près de Murchison. En arrivant, j'aperçois une pancarte à l'accueil proposant des descentes en rafting ! Je demande à nous inscrire et le temps de nous installer, on nous confirme qu'un couple a également fait une réservation et que nous pourrons faire une session le lendemain matin. De quoi rendre le sourire à Isa. Et nous faire un peu oublier les sandflies, présents aussi à Murchison... Et avec une jolie vue et un verre de chardonnay, la soirée est plutôt agréable.
Dans les eaux
Le lendemain nous avons rendez-vous tôt juste au dessus du terrain de camping. Comme nous avons décidé de repartir ensuite, nous devons déplacer la voiture mais impossible de démarrer ! Nous n'avons pas le temps de gérer cela ! Non sans inquiétude cependant, nous prévenons le propriétaire du camping et abandonnons Ladybug sur l'emplacement. Nous retrouvons notre accompagnateur, un grand gaillard aux cheveux longs et à l'allure de baroudeur. Il est accompagné d'une guide américaine venue se former. Il y a également un jeune couple. Elle est croate, lui franco-japonais et ils vivent en Angleterre. Cela nous donne l'occasion d'échanger un peu en français. Une fois revêtus d'un T-shirt chaud, d'une combinaison intégrale, d'un casque et d'un gilet de sauvetage, nous partons en camion rejoindre le point de départ de la descente. Notre guide nous apprend d'abord les consignes à suivre : parfois il faut pagayer, parfois cesser, d'autres fois se blottir au fond du bateau lors des rapides. La descente a lieu dans les gorges dans la rivière Buller. Les paysages sont très beaux et notre guide en profite pour nous donner plein d'explications sur la région et sa flore.
Les premiers rapides passent sans souci. Cela remue bien mais le canot est vraiment très stable et les guides gèrent bien. Une de leurs collègues se postent à différents endroits pour prendre des photos.
Après un nouveau passage de rapides, notre guide nous propose de nous retourner volontairement. Cela permet de savoir quoi faire si cela arrive à un moment imprévu. Et c'est sans doute l'occasion pour la jeune guide d'apprendre. Il nous avouera après qu'il ne s'attendait pas à ce que nous acceptions. Mais nos deux compagnons sont des casse-cous, Isa est joueuse et moi, la moins téméraire du groupe, j'accepte emportée par l'enthousiasme de tout le monde. Notre guide nous met en garde sur la température de l'eau : le froid peut bloquer notre respiration. Dans ce cas, il faut conserver notre calme et respirer doucement. Nous retournons vers les rapides. Pour nous retourner, il suffit que nous passions tous du même côté du bateau en même temps. Le premier essai est infructueux, preuve de la grande stabilité de notre embarcation. Au second nous basculons... Nous nous retrouvons sous le canot. Le temps de ressortir, je réalise que je ne respire plus. J'halète. Le froid me glace tout le corps malgré la combinaison. Nos accompagnateurs, hyper professionnels, sont déjà debout sur le canot à vérifier où nous sommes. J'halète toujours. Impossible de reprendre une respiration normale mais ma seule préoccupation est de savoir où se trouve Isa que je ne vois pas alors qu'elle est tombée du même côté que moi. Je n'ai de cesse de crier "Where is Isa ?". Le guide tente bien de me demander de me concentrer sur ma respiration mais je ne l'écoute pas. "Where is Isa ?". Il me dit qu'elle est de l'autre côté et qu'elle va bien. A ce moment là, mon cerveau entend mais je reste en boucle à répéter "Where is Isa ?" Je ne parviens pas à me calmer. Je ne respire toujours pas normalement. Je veux voir mon amoureuse. Le guide finit par demander à Isa, qui ne comprend pas pourquoi, de se déplacer pour que je puisse constater de moi-même qu'elle est saine et sauve. De son côté Isa a également vécu quelques émotions : complètement perdue après sa chute dans l'eau, elle a dû retraverser tout le canot sous l'eau pour émerger de l'autre côté, ballottée par les flots tumultueux et un peu paniquée à l'idée de ne pas pouvoir remonter ; et ensuite elle a eu peur en m'entendant crier.
Ci-dessus nos aventures en image. Sur la dernière, on aperçoit le guide désigner Isa du doigt pendant qu'il tente de me rassurer sur son sort.

Je respire à nouveau en voyant arriver Isa près de moi (l'eau froide ne devait pas être la seule responsable...). On parvient à remettre le bateau à l'endroit et nous voilà repartis. J'avoue qu'il m'a fallu encore quelques minutes pour me remettre. Malgré tout c'était une chouette expérience ! La suite de la descente est plus tranquille malgré quelques rapides.

A l'arrivée, nous nous réchauffons autour d'une tasse de café et de thé. Mais une autre aventure nous attend : Ladybug qui ne démarre plus... Affaire à suivre !
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